Monia Lyorit

Cercles conteurs

Formée en novembre 2023 auprès de Nathalie Thibur, sur la pratique des Cercles conteurs d’après les travaux de Suzy Platiel, je propose des cercles conteurs en milieu scolaire et en dehors (médiathèque par exemple). J’adore la philosophie de cette pratique qui induit le plaisir du partage, de l’entraide. Il ne s’agit pas de former des conteurs mais de permettre à chacun de s’approprier des histoires du répertoire traditionnel et ce faisant, de développer sa mémoire, ses images mentales, son vocabulaire, dans la joie, sans évaluation ni remarque et dans le respect de chacun.

Les cercles conteurs, c’est quoi ?

Durant la séance, tous les participants enfants et adultes sont assis en cercle, tous au même niveau. Ils écoutent et réécoutent des contes transmis d’abord par la conteuse. Quand il le souhaite, au fil des séances, chaque enfant ou adulte (enseignant) peut à son tour raconter un des contes qu’il a écoutés, à sa façon, selon sa personnalité, sans être interrompu, repris ni évalué. Seul compte le plaisir de partager et de transmettre à son tour.

« Il ne s’agit ni de former des conteurs, ni de préparer un spectacle, mais de permettre à chacun, enfant comme adulte, de s’approprier, selon sa sensibilité, un répertoire issu de la littérature orale ». Nathalie Thibur

Conter une histoire ouvre un ailleurs, du rêve, des solutions. Quand l’enfant se l’approprie, il devient acteur de la transmission, relié aux autres.

Les cercles se mettent en place sur un peu plus d’une dizaine de séances, entre 12 et 15 séances, afin de laisser le temps et l’envie aux enfants de se lancer.

Les cercles conteurs sont issus des travaux de Suzy Platiel, ethnolinguiste africaniste du CNRS.A la fin des années 60, elle a partagé la vie quotidienne de la société san, population Mandé du Burkina Faso de tradition exclusivement orale. Elle y a découvert le rôle essentiel que jouait le conte dans l’éducation des jeunes sanan, les conduisant à devenir des adultes accomplis, bien intégrés dans leur société.

De 1984 à 1987, afin de vérifier ses hypothèses sur la fonction éducative du conte, elle est intervenue régulièrement en milieu scolaire, du CP à la sixième, auprès d‘élèves issus de milieux sociaux très divers.

Les cercles conteurs, pourquoi ?

Parce que conter, c’est bon pour…

Enrichir son vocabulaire, appréhender la structure logique du récit, exercer sa mémoire et sa capacité d’attention, cultiver l’imaginaire, apprendre à écouter et à respecter la parole de l’autre, favoriser la confiance en soi, acquérir et partager des valeurs humaines, découvrir d’autres cultures…[…]

Comment ? La personne qui raconte n’est pas propriétaire du conte qu’elle raconte, elle n’est qu’un passeur qui est là pour transmettre, et chacun a le droit de se l’approprier avec son vocabulaire, son émotivité, sa créativité et la façon dont le conte a résonné en lui en tant qu’individu. Or[…] chaque individu le reçoit toujours au sein d’un public avec qui il partage le plaisir d’écouter des contes et, dans le même temps, il sait que chacun a le même droit que lui de se l’approprier pour le raconter à son tour. Et ce plaisir partagé sans désir de possession exclusive mais au contraire avec le désir de faire partager son plaisir à d’autres crée une solidarité qui dépasse le cercle étroit de son propre groupe, d’autant que les mêmes thèmes se retrouvent dans le monde entier car ils expriment le fondement de ce qui est la spécificité de l’être humain.

Source : La parole partagée, la parole échangée, base et tissu du lien social et de l’affirmation de son identité, Suzy Platiel, CNRS, France, juin 2013.